Quel parent n’a pas été mal à l’aise face à une question qui arrive sans filtre et sans crier gare? “ Pourquoi le monsieur il est noir?” dans la file de la caisse. “Pourquoi la maman d’Amine elle a un foulard sur la tête?” dans le couloir de l’école. Cela vous parle?
Et si nous abordions le sujet de la multiculturalité avec nos enfants? Voici quelques pistes pour vous aider.
Ce n’est pas toujours facile de parler de multiculturalité sans avoir peur de mal faire. Cela peut venir du fait qu’on ne se sente pas à l’aise par manque de connaissance de la culture de l’autre, ou que l’on a simplement peur d’exposer trop tôt nos enfants aux différences qui peuvent mener au racisme ou à la discrimination.
Mais une chose est sûre, éviter le sujet n’est pas une solution. Demander de se taire à son enfant de 4 ans lorsqu’ il demande pourquoi la petite fille n’a pas la même couleur de peau que lui, peut associer sa question au tabou dans sa tête. Cette zone de flou ouvre la porte aux préjugés : la différence c’est mal puisqu’on ne peut pas en parler.
Par contre, lui répondre tout naturellement : “La petite fille n’a pas la même couleur de peau que toi, car elle a d’autres origines que toi. Si tu veux, on en parle tous les deux tranquillement à la maison” peut tout à fait dissiper le malaise de la situation, rassurer la petite fille pointée par la remarque qu’elle n’est pas pas un sujet sensible et contenter votre enfant en demande d’explications.
Et puis, bien entendu, il faudra réellement en parler à la maison…
L’approche sera différente selon l’âge de votre enfant.
Les enfants jusqu’à 6 ans perçoivent les différences, mais celles-ci n’influencent pas ou peu leur jugement. Étant encore fort centrés sur eux-mêmes, les jeunes enfants ramènent, purement et inconsciemment, les différences observées chez les autres à eux-mêmes. Ils les analysent uniquement par l’expression naïve de “j’aime/j’aime pas” sans plus de profondeur. Par exemple, ils diront “J’aime pas les cheveux blonds”. Cette réflexion ne va pas plus loin qu’une affirmation de goût par rapport aux cheveux et non par rapport à la personne dans sa globalité. En bref, Julie est copine avec Timothée même si elle n’apprécie pas sa couleur de cheveux.
Ainsi, parlez-leur positivement de la multiculturalité en toute simplicité. Vous pourriez comparer le monde à des jardins de fleurs. Comme le jardin est rempli de fleurs différentes, le monde est composé d’êtres différents, avec des couleurs de peau et des accents différents. Il est possible que l’on n’aime pas toutes les fleurs, mais ensemble elles forment un magnifique jardin.
A cet âge, l’enfant est de moins en moins centré sur sa personne. Il commence à avoir une notion plus globale de la société et des liens entre les personnes. Il prend également conscience de son pouvoir de jugement et de son potentiel rejet de la différence.
Votre enfant peut donc comprendre le concept du racisme. N’ayez pas peur d’aborder avec lui la notion d’égalité entre les individus et les droits des enfants. S’ils sont très sensibles à l’injustice, ils ne discernent pas toujours quand ils en commentent une.
Ne dit-on pas qu’il vaut mieux prévenir que guérir?
Pour aider votre enfant à comprendre le plus tôt possible qu’il vit dans un monde multiculturel, exposez-le un maximum à la diversité. Disposez un globe terrestre à sa portée afin qu’il puisse se rendre compte qu’il existe différents pays sur la planète. Éveillez ses papilles en lui cuisinant des repas du monde: couscous, bananes plantains, riz cantonais, Waterzooï …
Mais aussi, veillez à assurer la diversité culturelle dans ses jouets (poupées de couleurs différentes, déguisements …), ses dessins animés et ses livres.
Plus votre enfant sera exposé à la différence, moins celle-ci l’interpellera!
La diversité passe aussi par la musique. La musique dite du monde est un excellent angle d’approche d’une culture. Elle reflète l’histoire, le mode de vie et la richesse d’une ethnie.
Écouter des chansons du monde amène implicitement votre enfant à découvrir de nouveaux rythmes, de nouvelles tonalités linguistiques, de nouveaux instruments, de nouvelles danses …
N’hésitez pas à baigner votre enfant dans la world music pour élargir ses connaissances sur le vaste monde qui l’entoure et dans lequel il vit. Et quand cela sera à nouveau possible, emmenez-le avec vous dans des festivals aux couleurs café. Non non, il n’est pas trop petit! On n’est jamais trop petit pour regarder le monde avec des yeux…d’enfant!
Parce que le sujet est riche et tellement vaste, nous vous invitons à approfondir vos lectures.